La mystérieuse légende du Cheval Mallet

UNE REPRÉSENTATION DU CHEVAL MALLET

On en entend parler de la Bretagne au Poitou, en passant par la Vendée. Ce sont les anciens qui racontent le mieux cette légende. Il s'agirait d'un grand cheval blanc, arpentant principalement les plaines qui bordent le lac de la région de Grand Lieu (44), afin d'obliger la personne qui croise son chemin à embarquer pour une cavalcade infernale...

Il ferait surface au coucher de soleil, et galoperai à vive allure jusqu'à l'aube, cherchant en vain sa victime, généralement, un pauvre voyageur étant fatigué de son périple et ne pouvant presque plus marcher. Il lui proposerait alors de monter en selle, et c'est alors que le mal entrerai en action...

Bien qu'étant un animal très apprécié et utile dans les exploitations agricoles, le cheval, sous certains aspects, peut véhiculer une notion de terreur. Souvenez-vous, par exemple, de l'histoire du cavalier sans tête, ou encore du destrier de la mort...

Certains prétendent même que les chevaux seraient passeurs d'âmes, voir même psychopompes, c'est à dire qu'ils pourraient guider les âmes lors de leur passage de la vie à la mort. De quoi éveiller chez certains une crainte, et on peut les comprendre !

Alors, quand l'on croise, dans le noir le plus complet, un cheval blanc imposant qui fonce à vive allure vers l'infini, ses yeux brillants éclairant son chemin, et ses naseaux fumants, il y a de quoi avoir peur. Surtout qu'il vous embarquerait de force pour un voyage infernal, vous conduisant, dans la majorité des cas, à une mort certaine, entraînée par des maladies provoquées par une chute. Car nombreuses seraient les personnes qui tenteraient de sauter en pleine course folle...

Ce cheval maudit rôderait le plus souvent à proximité de points d'eau. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que l'eau est un excellent canalisateur d'esprits, et le Cheval Mallet s'y plaît. L'eau réunit la vie et la mort et joue son rôle de portail à merveille, dans ce cas de figure.

Attention donc de ne jamais croiser ce "messager de mauvaise augure", qui ne cessera sa course folle que dans de très rares conditions ! Si par malheur, vous êtes victimes de ce "démon", vous risquez fort de chuter et d'être piétiné par ce dernier, vous laissant pour mort, au beau milieu de nul-part. On pourrait aussi vous retrouver aux pieds d'une falaise, ou encore gisant dans une fontaine. Des traces de sabot "à la forme étrange" pouvaient être retrouvées à côté de votre corps...

Certes, vous verriez du "pays" en voyageant sur le dos d'un tel "cheval de course", mais le décor défilerai d'ailleurs à toute vitesse ! Vous en profiteriez combien de temps ? Et à quel prix ? Telle est la question ! Rares seraient les personnes capables d'échapper à son courroux !

Il existerait cependant quelques "méthodes" pour garder la vie sauve, comme par exemple jeter six pièces de monnaie marquées d'une croix devant le cheval, afin de le stopper. Faire le signe de croix l'apaiserai aussi. L'action serait même renforcée à l'aide de l'eau bénite...

Mais la méthode la plus efficace, serait de lui montrer une médaille de Saint Benoit. Surnommée vulgairement "la croix des sorciers", elle est principalement utilisée lors des rituels d'exorcismes. Nous auront l'occasion de vous en parler un peu plus en détails très prochainement.

LA MÉDAILLE DE SAINT BENOIT

Ainsi donc, un homme aurait croisé le chemin de ce cheval, et aurait fait en sorte de visiter Paris, trois jours durant, puis de rentrer auprès de sa femme. Rien qu'en levant sa médaille de Saint Benoit au ciel, tout le long de son voyage, il aurait donc pu voyager sans encombres. Il lui aurait suffit de dire "Cheval Mallet, au nom du grand Saint Benoit, maintenant tu va m'obéir ! Il y a bien longtemps que je veux aller à Paris, tu vas m'y conduire, et tu me ramènera ensuite auprès de mon épouse".

Une chose est sûre, cette légende fait encore parler d'elle aujourd'hui, et d'autant plus à Saint-Lumine de Coutais (44). En 1712, on imposa à cette ville d'organiser des festivités annuelles, dédiées à cette fameuse légende. C'était une sorte de "dote" suite au creusement d'un canal reliant le village de Messan à la Loire. Le festival était organisé de façon quasi militaire et aucun débordement n'était toléré.

Il avait lieu chaque année, aux alentours de la Pentecôte. Tous les ans, un homme incarnait le cheval, et revêtait donc un costume de cheval blanc. Son corps devant passer dans un trou pour que les jambes puissent dépasser. Au matin de chaque Pentecôte, le "Marguillier" de l'année précédente devait apporter le costume chez son successeur.

ANCIENNE REPRÉSENTATION DE LA FETE DU "CHEVAL MALLET"

Il devait être accompagné par 9 personnes, portant chacune une dalmatique ornée d'hermines noires et de fleurs de lys rouges. Chacun avait un rôle bien défini. L'un tenait un bâton ferré des deux bouts, deux autres portaient des flamberges avec lesquelles ils ferraillaient. D'autres portaient des baguettes ornées de fleurs, et d'autres enfin, jouaient de la musique.

Le costume était déposé à l'église la veille, afin qu'il soit béni par le prêtre lors de la messe dominicale. Après la cérémonie, le marguillier mettait son costume et devait faire 3 fois le tour de l'arbre qui avait été choisi pour être brûlé, lors de la cérémonie du soir. Il devait également l'embrasser. Après une repas festif, l'arbre était mis à feu, après que le marguillier en ai fait 9 fois le tour, toujours en l'embrassant.

Le 25 mai 1791, le district de Machecoul (44), craignant sans doute que les habitants s'attirent la malchance avec ce genre de "commémoration", décida d'interdire cette fête. Le 11 juin de la même année, tous les costumes et ustensiles relatifs à cette coutume furent saisis...

Pendant de nombreuses années, le village n'entendit plus parler du Cheval Mallet... jusqu'à ce que quelques Luminois décident de remettre la fête au goût du jour. C'est ainsi qu'en 1988, le festival a renaît de ses cendres.

Alors, que croire ? Est-ce que l'histoire du Cheval Mallet n'est tout simplement qu'une légende ? Ou bien, est-ce que les habitants des environs doivent se méfier un jour de le croiser ? Vous avez la parole !